Initialement, une tradition médicale basée sur un ensemble d'usages empiriques se transmit par voie orale. Puis, avec le développement de l'instruction, des étudiants purent étudier et suivre un apprentissage dans des facultés. Devenus médecins ou apothicaires, ils purent pratiquer leur savoir sur tout le territoire.
Ces deux professions initialement réunies étaient remplies par le clergé. Tandis qu'en 1130, le concile de Clermont interdisait la pratique de la médecine aux religieux, Charles 8 réglementa en 1484 les études et l'exercice de la profession d'apothicaire en y ajoutant le contrôle des poids et balances. Unis aux épiciers dans une même corporation, jusqu'à la fin du 18e siècle, ils vendaient les mêmes épices, poivre, muscade, thym ... Utilisant diverses plantes et produits minéraux, les apothicaires confectionnaient pilules, infusions, potions, cataplasmes, onguents ...
Apothicaire



Matériel et produits utilisés
au XVIIIe siècle par les apothicaires
Le métier d'apothicaire apparaît dans l'état civil à de nombreuses reprises.
Relevé des Cannois pratiquant cette profession
-Ardisson Pierre
-Aubin Antoine
-Beau Jean Antoine
-Calvy Charles Antoine
-Chautard Joseph
-Daumas jacques
-Gras Jacques
-Isnard François
-Laugier Barthélemy
-Laugier Christophe
-Laugier Pierre
-Pajot Claude
-Raphely François Antoine
-Rey Paul
-Rigues Honoré
Quelques recettes relevées dans les registres de l'abbaye de Lérins
Tisane royale purgative
«Prenez trois "gros" de séné, une "once" tamarin gras, un "gros" cristal minéral, la moitié d'un citron coupé en tranche, une petite poignée pimprenelle, jeter le tout dans trois gobelets d'eau bouillante, laisser infuser le tout à froid pendant la nuit. Le lendemain, passer et faites fondre dans un gobelet de cette infusion deux "onces" mauve au près du feu et vous le coulerez, pour prendre le matin à jeun. Une heure après vous prendrez un second gobelet de l'infusion ci dessus sans mauve, deux heures après un bouillon et si l'on est pas suffisamment purgé, l'après midi on prend un troisième gobelet ».
Pour purger le sang
«Prenez une poignée de patience autant d'orge mondé, vingt vieux pruneaux, dix ou douze jujubes et une poignée de lentilles : faites bouillir le tout dans un "coquemar" de terre avec trois chopines d'eau jusqu'à ce qu'elle soit réduite à une pinte ; couler la ensuite à travers un linge blanc, et partager la colature en 6 prises que vous prendrez tous les matins à jeun et ne manger que 2 heures après ».
Pour décharger un cerveau humide
«Mettez une poignée de marjolaine, et un pied de racine d'ellébore blanc dans une chopine d'eau, réduire la en bouillant à moitié, mettez de cette décoction dans le creux de votre main et l'attirer par le nez, elle vous fera beaucoup éternuer».
«Mettez ensemble parties égales de jus de "rue" et de menthe et en attirer par le nez ».
«Prenez des noix de muscades concassées dans du gros vin rouge, faites infuser et respirer en par le nez et buvez en à jeun ».
Remède pour la pierre et la gravelle
«Prenez huit pintes de la meilleur avoine. La bien frotter dans les mains, la laver dans plusieurs eaux jusqu'à ce que l'eau reste claire. Après en avoir retiré l'avoine, on prend ensuite une poignée de "dandelion" nouvellement cueilli et bien nettoyé. On le coupe en petits morceaux que l'on bouillit avec l'avoine pendant trois quart d'heure dans un pot de fer bien net, avec seize pintes d'eau de rivière, ou autre courante. Après ce temps on ajoute à ces ingrédients une demi once de "salprunelle" et une demi livre de miel blanc, on fait alors de nouveau bouillir ensemble pendant une demi heure puis on le passe à travers un linge. Cette infusion étant refroidie on la met en bouteille et on la garde pour en faire l'usage ordinaire. Il consiste à prendre tous les matins à jeun deux grands verres de cette liqueur, chaque verre doit contenir au moins un bon quart de pinte. On ne pourra manger que plus d'une heure après avoir pris cette potion. On en reprendra une pareille dose après le diner et cela pendant quinze jours de suite ; après lesquels on pourra ne plus prendre qu'un seul verre à chaque fois. Ce remède n'est point désagréable et il n'exige point que l'on garde la chambre, on peut vaquer à ses affaires ordinaires. Seulement en usant de régime et sans faire d'excès. Cette seule précaution ouvrira le flux aux urines et dissoudra les pierres qui se forment dans la vessie, et pour mieux faire il faudrait user pendant le reste du jour et aux repas du jus de limon pour toute boisson ordinaire ; pour le cas ou il se trouverait affaiblis et sentirait l'estomac refroidi, dedans on ajouterait un peu de vin lors de leurs repas ».