Ephéméride
- lucien renoir
- 15 janv. 2024
- 3 min de lecture
15 janvier 1770
Déclaration de grossesse de Marie Aubert contre un homme inconnu
Contexte : L'église craignant la tentation des filles mère à se débarrasser d'un enfant conçu hors mariage (part) avait rendu en 1556 sous Henri II un édit les obligeant à exposer leur grossesse.
Du 15 janvier 1770, à Cannes après midi, dans notre maison d’habitation, et par devant nous, Etienne Spitalier, viguier et lieutenant de juge du dit lieu, sont comparus Marianne Pissarel, femme d’Adam Aubert, matelot de ce lieu, et Marie Aubert, leur fille, lesquelles nous ont dit comparaître pour nous faire une exposition de grossesse de la dite Aubert, fille, et la dite Pissarel, mère s’étant retirée, et étant entrés dans un autre appartement, la dite Aubert, fille, après avoir prêté serment de dire la vérité, et déclaré d’être âgé d’environ 19 ans, nous a dit et exposé que son père donnant à boire et manger, et se trouvant seule chez son dit père dans le mois de mai de l’année dernière 1769, ne se rappelant plus positivement du jour, et sur environ les 9 heures du soir, comme elle était à l’endroit, leur servant de cuisine, et à préparer le souper, il y vint un étranger qu’elle n’a pas connu, et ayant demandé à elle, exposante, de quoi boire et de quoi manger, elle lui donna du pain et du vin, et après que le même homme inconnu eut mangé et eut bu, et tandis qu’elle, exposante, s’attendait que cet inconnu allait la payer, point du tout, et comme elle se trouva seule, il l’embrassa, la jeta par terre, ce qui surprit si fort l’exposante, qu’ayant criée, le même homme étranger, qu’elle n’a pas connu, usa alors de violence, et ayant mis un mouchoir à la bouche d’elle, exposante, pour l’empêcher de crier de nouveau, elle, exposante fut alors comme en défaillance, le dit homme étranger qu’elle n’a pas connu, jouit d’elle et la connut charnellement ; après quoi, il décampa, et la laissa comme à demi morte, la dite Aubert, fille et exposante, nous ayant encore déclaré de n’avoir connu, depuis, ni avoir été connue charnellement d’aucun autre homme, et de s’être aperçue depuis peu de sa grossesse, ou du moins ayant voulu la cacher tant qu’elle a pu pour éviter de n’être maltraitée par son père ou par sa mère, et ce fait la dite Aubert nous ayant encore déclaré de n’avoir rien de plus à nous dire, nous avons fait appeler par notre greffier la dite Pissarel, mère, qui étant de nouveau comparue par devant nous, laquelle instruite de la présente exposition de grossesse, a requis d’avoir la dite Aubert, sa fille, sous sa garde, offrant d’en répondre ainsi que de son part, à laquelle réquisition, nous dit viguier et lieutenant de juge, adhérant, avons chargé la dite Pissarel de la dite Aubert, sa fille, et de son part, sous les peines de droit, ayant fait injonction à la dite Aubert, fille, de veiller à la conservation de son part, également sous les peines de droit, et ayant enquis la dite Pissarel et la dite Aubert , sa fille, de signer, ont dit de ne savoir, et nous dit viguier et lieutenant de juge, nous sommes soussigné, avec notre greffier.
On retrouve la naissance de cet enfant illégitime dans le registre paroissiale de l'état civil
Marianne Aubert, fille naturelle Marie et de père inconnu, suivant l’exposition de la mère, née le 10 et baptisée le 11 mars 1770. le parrain a été Joseph Canton, maître maçon, et la marraine, Marianne Roustan, fille d’Honoré. Le parrain seul a signé avec nous, approuvant le renvoi d’un mot.
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