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Les fours à pain à Cannes

Un document concernant une plainte déposée par l’économe de l’abbaye de Saint-Honorat donne quelques précisions sur la propriété des fours de Cannes et sur les privilèges en découlant :

Se trouvant aujourd’hui seigneur de Cannes du fait de la commende, l’abbaye en cette qualité, est maître des fours et moulins du même lieu. Après le concordat passé entre le Pape Léon X et le Roi François premier, la commende ayant été établie, les biens du monastère ont été partagés entre l’abbé régulier et l’abbé commendataire, le lieu de Cannes et domaines en répondant revinrent à ce dernier.

Toutefois, il fut stipulé clairement aux abbés réguliers et aux religieux le privilège de cuire leurs pains aux fours de Cannes tant que bon leur semblera, avec franchise des droits, et avec préférence sur tous les habitants du lieu, desquels droits, le sieur économe a toujours joui sans trouble.

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Les fours de Cannes
Trois fours banaux desservaient Cannes : 
- le four le plus haut situé en dessous du Château, à l'intérieur des remparts.
- le four du mitan, desservi par la rue au Levant, et la rue allant à la paroisse au couchant
- le four dit le plus bas, ou four de la bourgade
Un quatrième four affecté aux habitants du Cannet, était situé aux "Michels".
Affermage des fours de Cannes
En 1723, on trouve Louis Martin, rentier en partie du four du Cannet.
En 1728, on trouve Boniface Autran, fermier des fours de Cannes
En 1739, l'Abbaye de Lérins arrente les rentes et revenus des fours des lieux de Cannes à Barthélémy Camin, pour   2 990 livres. Pour 690 livres, Gaspard Palanque devient sous-fermier des fours du Cannet en association avec divers Cannetans.
Personnel employé dans les fours
Les fermiers employaient du personnel masculin pour la préparation et chauffe des fours, puis pour la cuisson
Parmi les fourniers, on trouve
Antoine Benoît (1714, 1726) – époux Philippe Ranse
Auban Gazan (1718)
Jean Senes (1726, 1728) (four de la bourgade)
Honoré Laugier (1733)
Alexandre Benoît (1733)
Du personnel féminin était employé pour des tâches annexes
Marie Rusque (1732) (four de la boucherie)
Andrinette Chauvet (1712) fournière du droit d’un denier par pain
Marguerite Rouase (1719), épouse de Honoré Ravaison fermier du droit d’un denier par pain
Ces femmes, appelées fournières, étaient chargées, entre autres, de prévenir les clients lorsqu'il était temps de commencer à pétrir, de récupérer les pains crus, de les préparer pour la cuisson, et de les rapporter chez les particuliers.

Difficultés rencontrées avec les fourniers
De nombreux reproches interviennent entre les habitants et les fourniers. Ces derniers sont accusés de ne pas tenir leurs fours assez chaud. Demandant d'enfourner à nouveau des pains mal cuits, des conflits éclatent.
Jeanne Mercurin voulut représenter à Auban Gazan que son mari Jean Durbec souffrait de dommages, intérêts subis par son pain faute de mener ses fours dans les formes qu’il faut, lui représentant même qu’ils en ont déjà souffert plusieurs fois. (1718)


 

Lieu de rencontre, les fours constituent l’un des endroits privilégiés où l’on discute et où l’on règle des différends de toute nature

En attendant leur tour pour cuire leur pain, selon l’animosité ou la cordialité des personnes présentes, des discussions s’engagent. Accord ou désaccord plus ou moins exprimés clairement peuvent apparaître. Une expression du visage, une réflexion ou une observation, mal interprétée, suffit à déclencher commentaires puis altercations.

Ressentiment, jalousie, haine, mépris, rancœur, révolte suffisent pour déchaîner les passions des belligérants. La source du conflit provient souvent de la mauvaise volonté de l’un des acteurs, interprétant de façon douteuse ses droits. Parfois, la loi du plus fort permet d’affirmer ses prétentions.

Menaces, reproches, injures, excès, outrages, se libèrent accentuant les tensions entre les participants, d’autant que l’origine des querelles est ancienne et que les adversaires en viennent aux mains. Ces bagarres basées sur la force physique des rivaux s’accrochant au corps de l’adversaire, ponctuées de coups de poings, coup de pieds, soufflets, égratignures, vêtements déchirés... ; ou avec utilisation d’objets extérieurs, armes, pierres, bâtons, ustensiles domestiques... se terminent en général par de nombreuses blessures, desquelles coule un sang « abondant ». Rarement mortelles, les individus sont souvent alités avec fièvre ou incapacité physique.

Lorsque le suppliant fait informer, suivant la gravité des blessures, un chirurgien est nommé pour en faire un rapport, les témoins sont convoqués pour décrire ce qu’ils ont vu. Le juge, en fonction des éléments apportés rend son jugement. Parmi les documents d’archives disponibles, on trouve très peu de décisions de jugement.
 

Types de conflits intervenant dans les fours banaux

Ordre de passage

Les opérations de cuisson s’effectuent normalement selon l’ordre d’arrivée des individus au four

cas particuliers :

Une exception concerne les particuliers dépendant de l’Abbaye de Lérins. Par l’intermédiaire de la commende, celle-ci, en sa qualité de maître des fours, a obtenu le privilège de cuire son pain avec préférence sur tous les habitants du lieu.

Animosité antérieure

La jalousie, à l’origine de nombreuses querelles, exacerbée à l’occasion d’une rencontre, déclenche injures, puis violences. Crachant leur venin sous forme d'injures, les parties en viennent rapidement aux brutalités.

Coups de poings, coups de pieds, soufflets, égratignures, morsures, forment les défenses naturelles des agresseurs. Ceux-ci peuvent se servir de moyens renforçant leur combativité : pierre, bâton, outil, armes blanches, armes à feu, etc.

Tirer, traîner, pousser, culbuter, frapper, cogner, poursuivre, engendrent la turbulence des mouvements lors des conflits.

Les cheveux, têtes, visages, lèvres, yeux, doigts, corps, estomacs, membres, encaissent les coups. Le sang s'écoule.

Les vêtements subissent les dommages annexes des bagarres, les rendant inutilisables ou difficilement réparables. 

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